J’ai l’occasion aussi d’échanger
quantité de commentaires avec l’amie qui me tape mon texte.
Lors du décès de grand-père René,
j’étais en apprentissage dans un atelier de reliure d’art, à Besançon, au 87
Grande Rue. Lors de la visite de tante sœur à grand-père hospitalisé, à
l’infirmière qui lui dit : « vous avez le bon Dieu avec vous »,
il montre le crucifix en répondant : « non, il est là ».
Grâce à l’appui de mon père, je
fus embauché plus tard (le 29 janvier 1974) à l’hôpital de Besançon, comme
agent de service intérieur. C’est l’année de mon premier voyage à Tassenières
et au Deschaux. Lorsque Suzanne Aymé-Muller s’éteint en novembre 1984 à Dole,
je demeure rue Cardinet à Paris, je suis alors agent de service au centre
hospitalier de la Croix Rouge, dans le 16e arrondissement, c’est pendant ce
séjour parisien que je suis allé visiter Montmartre et le cimetière
Saint-Vincent. Il a été reconnu au cours de mon activité professionnelle que je
suis quelqu’un de dévoué, conciliant et patient, possédant une grande capacité d’écoute
et de compréhension, un contact très franc. J’ai travaillé comme agent de service
hospitalier, ensuite en tant qu’aide-soignant. Je suis l’aîné de cinq enfants,
quatre garçons et une fille, Patricia, qui a vu le jour le 28 septembre 1970 à Besançon. Ma
jeune sœur s’est mariée le 15 juin 1991 à Ornans, avec Eric Belpoix, à ce jour ils
vivent à Montgesoye, ils ont deux enfants, Marie-Cécile et Tristan.
Dernièrement, mon frère Pascal a
séjourné quelques semaines en Palestine, dans une colonie juive, sur la bande
de Gaza, près de la frontière égyptienne…L’état d’Israël fondé en 1947 est
formé des ¾ de l’ancienne Palestine. Un régime d’autonomie palestinienne a été
établi en 1995, mis en place à Gaza, puis étendu aux principales villes de
Cisjordanie, à l’exception des colonies juives.[2]
Le 25 juin 1982 à Ornans, Pascal
épouse Sophie Rain ; il n’y eut qu’un mariage civil. Ils ont tenu une
quincaillerie à Besançon, rue Battant, furent ensuite propriétaires d’un
hôtel-restaurant en Haute-Saône, à ce jour vendu … Sophie, par son père, est
d’ascendance juive, celui-ci avait accroché dans son bureau le portrait de sa
mère, je fus frappé par l’extraordinaire ressemblance entre Sophie et sa
grand-mère ; monsieur Rain avait aussi suspendu au mur le drapeau
israélien et gardait dans un des tiroirs de son bureau un peu de terre
d’Israël… La mère de Sophie est catholique.
Colette me disait voici peu que
j’étais la mémoire de la famille, oui mais surtout pour les générations
futures, et voilà pourquoi je rédige cet essai. Je tiens à leur présenter le
docteur en droit Philibert Courcenet, Marcel Aymé, tante Paulette … et ce
regard d’enfant lorsque je vis le sonneur à ventre jaune.
Pascal et Sophie ont trois
enfants, l’aîné Jean-François, né le 31 août 1983 à Besançon est actuellement
en deuxième année de faculté d’histoire, Pierre-Olivier est lycéen,
Marie-Charlotte, âgée de 11 ans, est en sixième dans un établissement
privé de la région parisienne.
J’ai sous les yeux une copie
conforme au registre de Tassenières, l’acte de mariage Claude Poussot / Marie
Gay, beaux-parents de mon bisaïeul Charles-Henri. Il a été noté dans la première partie que mes
arrière-grands-parents étaient cousins germains ; pour preuve
Janvier 2004
Mon frère benjamin, Pascal, m’a envoyé un courrier
comprenant des documents généalogiques, un héritage de son beau-père. Pascal et
Sophie ont beaucoup aimé la première partie de mon essai, ils souhaitent
connaître la suite. Notre cousin, J.F.Keller, a hébergé l’essai sur son
site Internet, lui aussi attend le
seconde partie avec impatience … Je n’ai pas à travailler plus avant sur la
branche de mon oncle Pierre Gay, mon cousin germain Philippe est comme moi
célibataire.
Voyageons donc un peu en Alsace, une province de France que j’ai
particulièrement à cœur pour y avoir séjourné longtemps. Les noms de Sierentz, Ensisheim ou encore Wintzenheim recomposent dans mon esprit des
couleurs chaleureuses.
Le père de Sophie, monsieur Jean Rain, s’est éteint le 23 avril 2002,
il est inhumé au cimetière israélite de Besançon. Marlène Vasseur, la mère de
ma belle-sœur, est née à Amiens. Jean Rain et Marlène divorcèrent vers
1993 ; je reviendrai sur cette date. Je fis la connaissance de la
belle-famille de mon frère le 25 juin 1982, jour du mariage de Pascal et
Sophie. Je vivais alors à Paris. Pour la branche paternelle de Sophie, née le
11 février 1964 à Besançon, nous pouvons remonter jusqu’en 1750 à Uffenheim
(68) et ce, grâce au dénombrement
général des juifs tolérés dans la province d’Alsace en exécution des lettres patentes
du 10 juillet 1784[10]. Le chef de famille se nomme alors Aron
Salomon, son épouse Rela Ulmann, ils ont quatre fils et deux filles, Eva et
Ziez … Si nous suivons l’ascendance directe de Jean Rain, nous nous trouvons
sur le troisième rameau avec le fils Gotschel, époux de Judith Haas( voir
généalogie ci-dessous).
Aron Salomon prendra le nom de Rain conformément au décret
impérial de 1808, son fils s’appellera donc Rain Gotschel Aron. (Selon la
tradition hébraïque : les deux prénoms indiquent Gotschel fils d’Aron). En
1800 à Sierentz naît Aron Rain[11],
marié avec Eva Levy, ils eurent neuf enfants. Outre Gaspard, il y eut Paul, né
en 1840 à Ensisheim qui fit sept années de service militaire et a été par la
suite zouave pontifical … En 1928 il décède à Paris ; il eut un fils
mobilisé en 1914. Nous trouvons dans les ramures Rain Henri, engagé volontaire
à 14 ans en 1870 ; marié, il décède aussi à Paris vers 1917.
Le portrait que j’ai vu en 1982 à Vandelans dans le
bureau de monsieur Rain est bien celui d’Yvonne Eisenmann (la grand mère de
Sophie) et l’enfant qu’elle porte dans ses bras est son fils Jean. Monsieur
Rain avait quatre oncles, tous mobilisés en 14-18 (Aaron, Gustave, Léon et
Isidore).
Je passai les fêtes de fin d’année chez Pascal et Sophie en 1984 à Vandelans
et fis ensuite un plus long séjour après février 1985, ce qui me permit de
connaître un peu plus monsieur Rain. Il me parla de sa jeunesse à Paris et de
son élevage de canaris. Pascal tenait sa quincaillerie, et moi je trouvai un
emploi d’aide-soignant à la clinique Saint-Luc de Besançon, ce qui me donna
l’occasion de quitter la capitale. Mais faisons court en ce qui me
concerne : de 1974 à 1976 je travaille au centre hospitalier de Besançon,
je pars ensuite m’installer à Strasbourg jusqu’en novembre 1981, toujours
employé en secteur hospitalier et en qualité d’aide-soignant après juin 1979.
De décembre 1981 à février 85 je demeure à Paris. Je serai embauché en mai 1987
comme animateur polyvalent par l’Armée du Salut de Mulhouse … je resterai en
Alsace jusqu’à ma venue ici au Puy-en-Velay en 1992. C’est pourquoi les noms de
Ensisheim, Wintzenheim, Reguisheim me parlent tant. (J’ai appris l’alsacien)
Monsieur Jean Rain a eu deux filles de son mariage avec Marlène
Vasseur, Sophie, l’aînée, et Mathilde, née le 1er janvier 1970, qui
a épousé en octobre 2001 Jean-Luc Vernerey ; ils ont une petite Margot.
Pascal désire sauvegarder la tradition de son beau-père, ceci me touche
particulièrement. En 1993, j’avais noté plus haut que j’y reviendrais, c’est
l’année où mon frère et ma belle-sœur sont allés en Thaïlande, de leur voyage
ils me rapportèrent un bouddha magnifique. Il est vrai de dire que « mon
petit frère » fut et sera encore ma petite lumière, nous sommes un peu les
étoiles filantes de la famille …
Archives de la famille Rain
comprenant une généalogie manuscrite dressée par Marcel Rain en 1951
Rain Götschel Aron ° 1770 Uffenheim
(68) 3 frères:
Abraham, Gaspard, Jaudel
x Haas Judith
Rain Aron ° 1800 Sierentz (68) / + 1880 Besançon
x Levy Eva ° 1805 / + 1882
Salomon Jacques Gaspard Paul Jules Fromentine x Meyer
°
Reguisheim
(1839-1927) ° 1840
Ensisheim Caroline x
Freymann
+ 1928 Paris
Marie x Meyer
(zouave pontifical)
Elise x Mayer
Henri ?
? Marcel
(militaire)
(1888-1970)
x
Eisenmann Yvonne
Rain Jean Rain
Nicole
(1922-2002) ° 1924
° 1964 Besançon ° 1970 Besançon
x 1982 Ornans x 2001
Gay Pascal Vernerey Jean-Luc
Vernerey
Margot
Première génération
GAY René Louis
Armand ° 31 X 1897 Besançon (25)
+ 28 IV 1972 (soldat
au deuxième régiment de bombardement et
au 32e régiment
d'aviation 1917-1919)
agent SNCF x 19 VIII 1922
Salans (39)
GIRARDOT Marie
Marcelle Joséphine + 4 X 1997
Avanne (25)
Deuxième génération
René, dont :
1. GAY Paulette
(Soeur René-Marcel)
religieuse au
Moyen-Orient (Professeur)
Après cinquante-cinq ans de mission a retrouvé la
communauté des Sœurs de la Charité de Besançon en 2001
2. GAY Renée ° 11
XI 1925 Besançon
3. GAY Pierre °
16 I
1927 + 3 VI 1995 Besançon
x 31 XII 1954 Besançon
VAGNEUX Antoinette
Thérèse
4. GAY Henri René
Gustave ° 17 VII 1930 Besançon
x 10 IV 1953
Besançon
BECKER Anne-Marie
Charlotte Lucienne ° 22
VIII 1935 Besançon
5. GAY Simone ° 30 VIII 1935 Besançon
Troisième génération
Henri, dont :
41. GAY Christian
Pierre Lucien ° 5 IX 1954 Besançon
agent service
hospitalier / aide-soignant
sans alliance
auteur de l’essai
généalogique
42. GAY Alain
Michel Simon ° 4 IV 1957 Besançon
+ 6 IV 1957
43. GAY Jean-Luc
Charles ° 18 I 1961 Besançon
x 20 III 1982
Ornans
AMIOT Evelyne
44. GAY Pascal Jean
Emile ° 15 X 1964 Besançon
x 25 VI 1982
Ornans RAIN Sophie
45. GAY Patricia
Joséphine Michelle ° 28 IX 1970 Besançon
x 15 VI 1991 Ornans
(25)
BELPOIX Eric
Quatrième génération
Jean-Luc, dont:
43.1 GAY Géraldine ° 20 VI 1983
43.2 GAY Nicolas ° 18 II 1993
Rameau 2
Pascal, dont:
44.1 GAY Jean-François ° 31 VIII 1983
44.2 GAY Pierre-Olivier ° 27 IV 1986
44.3 GAY Marie-Charlotte ° 15 III 1992
Rameau 3
Patricia, ép.
Belpoix, dont :
45.1 BELPOIX Marie-Cécile
45.2 BELPOIX Tristan
29 janvier 2004 –
Dernièrement j’ai pu consulter à loisir des ouvrages se trouvant dans
l’imposante bibliothèque de mon amie Colette.
Il est noté dans l’encyclopédie
générale Larousse qu’après la convocation par Napoléon 1er du
« Grand Sanhédrin » les communautés juives furent organisées en
consistoires régionaux avec à leur tête un consistoire central. Quel ne fut pas
mon étonnement d’apprendre qu’il a fallu attendre la quatrième session du
concile (1965) pour qu’une décision solennelle innocente les juifs de leur
responsabilité dans la mort du Christ.
Notre ami Marcel Aymé écrit dans
son roman « Gustalin »[12],
publié chez Gallimard en 1938 : « Mais
oui ; mais comment, vous n’êtes pas au courant ? Victor, ils ne sont
pas au courant… Vous savez peut-être que je suis juive ? » Tante
Sarah fit une pause et, avec curiosité, regarda Hyacinthe et sa femme. Mais à
Chesnevailles, on ne connaissait de juif que le nom. Il y avait beau temps que
le curé ne pensait plus à les désigner comme les bourreaux du Christ. »
et quelques pages plus loin nous pouvons lire : « Dans ces occasions-là, sur le chapitre des juifs, il
avait beaucoup à dire. Les juifs raisonnaient comme si le monde existait pour
satisfaire à des raisonnements …/ Tante Sarah écoutait avec bonté, l’index
enfoncé dans le gras de la joue. »
(« Il » = Victor).
Je savais avoir dans ma cantine
métallique une autobiographie d’Albert
Schweitzer « Souvenirs de mon enfance ». Dans le chapitre 2,
l’illustre organiste et théologien protestant raconte : « Il y
avait dans le village voisin un juif du nom de Mausché qui faisait le commerce
du bétail et des terres et qui traversait parfois Gunsbach avec sa charrette et
son âne. Comme à cette époque, aucun Israélite n’habitait notre village,
c’était chaque fois un événement pour les gamins. Ils couraient
après lui en se moquant … » plus loin Albert Schweitzer
poursuit : « De temps à autre, il se retournait vers nous avec
un sourire embarrassé et indulgent. Ce sourire me désarma. Ce Mausché le
premier m’a appris le silence dans la persécution. »
Aujourd’hui, je pense avoir tout
dit. Il y a encore des voies cachées, mais peut-être veulent-elles rester dans
l’ombre ! Laissons ceux qui sont « hors-du-temps ». Nous
enverront-ils quelques reflets de leur présence … s’ils le désirent !
L’écriture a toujours eu une place privilégiée dans ma vie de tous les jours.
Le sonneur à ventre jaune réveillera-t-il dans mon âme d’autres
souvenirs ? Certainement ! Faire rejaillir du néant des prénoms, le
parler, les joies et les coups de gueule des anciens … laisser une trace, car
dans un siècle, nous serons « des anciens » ! Et l’histoire continue …
[3] Registre (acte mariage n°2) année 1853 Tassenières – Contrat de mariage Claude Poussot / Marie Gay daté du 11 janvier 1853, dressé par maître Versey François.
[5] Pierre Jallon, médecin, auteur de « L’épilepsie » PUF 2002 n°2693.
[6]
Généalogie : Dominique Courcenet ép. vers 1628 Noirot Thiébaude, de Rye
(39)
dont :
1 - Philibert Courcenet ép. le 11 septembre 1651
Claudine Dussot à Bretenières
2 - Claude Courcenet
3 - Etiennette Courcenet ép. Gay
[7] Roger Dachez, Président de l’Institut maçonnique de France « Histoire de la Franc-maçonnerie Française » chapitre II édition « Que sais-je ? » 2003 n° 3668
[9] Armand Joseph Becker Extrait de naissance réf . 1890-acte n° 312, ville de Besançon
[10]
Dénombrement général des juifs tolérés/lettres patentes du 10.07.1784 :
voir Colmar (Haut-Rhin) 1785 – BN L.d. 184290. Numéro du dénombrement : 21
Chef : Aron Salomon / femme : Rela Ulmann
[11] Une note à
l’intention de Marcel Rain certifiant la naissance en 1770 à Sierentz de
Gotschel Aron Rain, (cette dernière confirmant la filiation de fait avec Aron
Salomon)
[12] Marcel Aymé « Gustalin » roman, éditions Gallimard, 1938. (Le
livre de poche) 12. 1971