[Chapitre I]

 

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Préhistoire

Les bords de l'Orb sont fréquentés dès le néolithique par des populations du groupe des Chasséens méridionaux installées dans les environs, par exemple à Lunas.
Mais bien sûr, rien ne permet d'affirmer que nos ancêtres en furent...

 

Un monde celtique

Les Volques sont le premier peuple historique à occuper la région vers le début du IIIe siècle av. JC.
Ces celtes ont chassé et remplacé les Ligures.
Leurs différents clans participent diversement à la longue lutte entre Carthage et Rome, facilitant ou contrariant le passage des armées puniques venant de la péninsule ibérique en direction de l’italique.
Assez vite, on distingue (d'après César) les Volques tectosages, installés à Toulouse, Narbonne, Béziers, et Lodève des Volques arécomiques qui occupent la bande côtière de l’Hérault au Rhône.
Si Lodève est bien une cité volque (celle des Lutevani), on ne peut affirmer que le Bousquet ait été occupé par ce peuple. D’autant que l’influence des Rutènes, maitres du Larzac, se faisait sans doute sentir.



3 siècles dans l'empire romain

Après la destruction de Carthage (-146), Rome établie la continuité continentale de son territoire par la conquête de la région entre -125 et -121.
Il ne s’agit pas d’une conquête de peuplement, ni même d’annexion. La province ne sera officiellement romaine que vers -70 (avec pour capitale la colonie de Narbonne fondée en -118).

Entre -107 et -106, la région est sillonnée par les Cimbres et leurs alliés germaniques (soit sans doute plusieurs dizaines de milliers de personnes). Ils ravagent Toulouse (capitale des gaulois tolosates, alliés de Rome) et défont aussi bien les Volques que les Romains.


S'ouvre alors une longue période de 3 siècles de pax romana.

Les Romains acclimatent la vigne en Languedoc.

Ils auraient (d'après M. Fournier) aménagé une de leur voie pavée qui aurait franchi l'Orb d'un pont de pierre un peu en amont du confluent du Graveson (comme le pont routier moderne) puis rejoint, Frangouille, par Saint-Xist à l'instar de la route royale (immatriculée D35E22 en 2014).
Il ne reste guère de vestiges de ces époques sur le Bousquet. Notons tout de même le cimetière gallo-romain de Taillevent, face au château de Cazhillac.

Le développement économique et démographique voit l’affirmation de la tribu des Lutevani, parmi les Volques, autour de Lodève, et pourquoi pas jusqu’au Bousquet ?

Vers 115 la majeure partie de la population est d’expression latine et de mœurs romaines.
Comme ailleurs dans l'empire, le christianisme s'implante doucement puis s'impose quand il devient religion licite (313 édit de Milan) puis religion d'empire (380 édit de Thessalonique) au IVeme siècle.
Bref, le peuple est Gallo-Romain.










3 siècles sous domination wisigothique

Invasions

En 408/409 le pays est dévasté successivement par les armées des Vandales appuyées par des troupes d’Alains et des bandes Suèves.


En 412
, après avoir pillé la péninsule italienne (400-403 et 408-410) et échoué à traverser la méditerranée, les Wisigoths entrent en Provence. Ils capturent Jovin (empereur usurpateur d’occident, auto-proclamé à la tête de troupes surtout burgondes) et le livrent à l’empire. Mais ils n’en reçoivent pas le paiement (vivres et titres) escompté.
Ils s’emparent alors de Narbonne, Toulouse, Bordeaux laissées exsangues par le passage des Vandales.


En 418, Sous la pression de l’armée d’empire de Constance (patrice et quasi auguste), qui les manœuvre de part et d’autres des Pyrénées (et reprend Narbonne), et après deux changements de chef meurtriers, les Wisigoths acceptent de s’installer en Aquitaine seconde et Novempopulanie (Toutes les terres au sud de la Garonne jusqu'aux Pyrénées et le rivage entre l'estuaire de la Loire et la Gironde) avec le statut de fédérés et la mission d’éradiquer les Vandales, Alains et Suèves installés dans la péninsule ibérique.

En 419, Théodoric Ier, roi (418-451) des Wisigoth choisit Toulouse pour le tout nouveau royaume d’Aquitaine.
En 425, les Wisigoths échouent à prendre Narbonne.
En 456, un raid de Théodoric II (453 - 466) sur Arles (laissant Narbonne derrière ses murs) échoue.

Ces 4 décennies de guerres plus ou moins proches, plus ou moins intense, de passages d'armées en campagne ont sans doute été durement éprouvées par nos ancêtres du Bousquet (si tant est qu'ils aient déjà été là).
En effet, les troupes empruntaient aussi bien la route de la plaine côtière, plus riche, que la voie romaine de l'arrière-pays, plus sauvage.
Mais ces périodes de déclins laissent toutefois le Bousquet dans l'empire (au moins de jure).

En 461, Les Wisigoths s’emparent de Narbonne et annexent de facto la Narbonnaise à l'ouest du Rhône, qui devient la Septimanie.
En 475, Sous le roi Euric (466-484) qui a rompu le fœdus, la Septimanie, avec le Bousquet, entre officiellement dans le royaume wisigoth. L’empereur d’occident reconnait l’indépendance du royaume d'Euric et son annexion de la province.

Les habitants du Bousquet -de langue latine et de foi romaine et apostolique- entrent, eux, pour 3 siècles, sous la domination des Wisigoths, un peuple de foi arianisante, et de langue germanisante.

La Septimanie, une province périphérique.

Après les conquêtes d’Euric, le royaume wisigothique s'étend de la Loire à Gibraltar et de l'Atlantique au Rhône et à l’actuelle Provence (sauf l’ouest d’une ligne Lisbonne-Léon - Royaume Suève et le littoral cantabrique et basque).

Les wisigoths s’affrontent maintenant aux Francs dont le royaume comporte toutes les terres entre la Loire et le Rhin, sauf les parties actuellement en Bretagne occidentale et Bourgogne.



En 507, Les Wisigoths d’Alaric II (484 à 507) sont défaits par les Francs de Clovis (481-511) à la bataille de Vouillé. En quelques années, ils perdent toutes les possessions au nord des Pyrénées au profit des Francs, sauf la Provence, annexée par les Ostrogoths et la Septimanie qui reste, avec le Bousquet, une province de leur royaume.








Après ce désastre, l’ensemble du royaume passe sous la tutelle des Ostrogoths (Qui se sont taillé un royaume depuis Ravenne, à partir de 493, avec l’aide initiale des Wisigoths) de Théodoric le Grand (493-526), beau-père Alaric II.
Une administration duelle est instaurée, fondée sur la séparation légale des populations wisigothiques (à la tête du royaume et de ses institutions) et gallo-romaines (numériquement très majoritaire (3 millions pour 0,2 million). Chaque peuple est régi par ses propres lois:
Les mariages "mixtes" sont interdits.
Les wisigoths ont le monopole du métier des armes et du pouvoir. Ils restent (comme les Ostrogoths) très attachés à la tendance arienne du christianisme tandis que la population gallo-romaine reste encadrée par l’appareil de l’église romaine (dernier vestige de l’empire) qui a rejeté l’arianisme (Nicée 325).


En 531, les Wisigoths d'Amalric (511-531) sont défaits par les francs de Childebert Ier (511-558) devant Narbonne.

Le protectorat ostrogoth s'achève en 548 par l'assassinat du roi wisigoth Theudis (531-548).






La région du Bousquet est plutôt calme depuis 531, quand, en 585, le roi Léovigild (568-586) envoie son fils Récarède lutter contre les forces du roi mérovingien Gontran, qui cherchent à s'emparer de la province. Récarède est victorieux dans la région de Narbonne, dévaste la vallée de la Garonne, s'empare de la forteresse de Beaucaire et s'avance jusqu'à Arles. Mais Léovigild meurt en 586 et Récarède retourne à Tolède assurer son couronnement.

Maintenant roi, Récarède (586-601) se convertit dès 587 au christianisme nicéen (comme saint Herménégilde, feu son frère avant lui).

En réaction, l'évêque arien de Narbonne, Athaloc, tente de soulever la Septimanie contre son nouveau roi. Il obtient même le soutien du roi franc Gontran (pourtant franc et catholique). Gontran (qui veut sans doute simplement annexer la Septimanie) envoie deux armées - une menée par Didier, son turbulent vassal duc de Toulouse (peut-être pour s'en débarrasser), et l'autre par le duc Boson - rallier celle des chefs wisigoths révoltés Wildigern et Granista.
Récarède, lui, demande au duc de Lusitanie (province du royaume centrée sur la vallée du Tage limitée par le Douro et le Guadiana), l'ibéro-romain catholique Claudius, d'intervenir. Celui-ci vient de montrer sa valeur, la même année, en écrasant une révolte similaire dans sa province, à Mérisa.
Les troupes wisigothiques remportent la victoire décisive vers Carcassone. Didier est tué. Athaloc est épargné mais abjure officiellement l'arianisme.

Le IIIeme concile de Tolède, en 589 consacre la conversion du jeune roi et entérine la disparition de l'église arienne dont le clergé est absorbé par l'église de Rome ou frappé d'anathème.
L'élite péninsulaire rejoint la foi du peuple du Bousquet (s'il existe).

Dans les années qui suivent, la province périphérique de Septimanie (dite provincia Galliae dans les textes du royaume) reçoit l'apport de populations ariennes irréductibles ainsi que de populations juives visées par des mesures étatiques à leur encontre de plus en plus discriminatoires.

Les lois ségrégationnistes de Théodoric n'ont plus cours. Les goths se mêlent aux patriciens romains, formant l'élite sociale dans une acculturation partagée.
Le peuple reste gallo-romain de langue et de culture.

En 672, dès l'élection du nouveau roi Wamba (672 à 680), le comte de Nîmes Hildéric allié à l'évêque de Maguelone, Gumild, et à l'abbé Ranimir, cherche à faire sécession.
Ranimir renverse et remplace en personne l'évêque de Nîmes Aregius.
Le roi Wamba est occupé à une révolte des Vascons. Il envoie le Duc Paul qui se retourne contre le royaume et parvient à rallier le duc de Tarraconaise, Ranosind.
Paul est couronné roi de Septimanie et Tarraconaise à Narbonne avec l'aval du roi franc Childéric II (673 à 675).
Wamba en finit avec les Vascons et rassemble ses troupes pour marcher sur la Septimanie.
Ranimir, réfugié à Narbonne, s'enfuit. Il est tué vers Béziers.
Paul, Hildéric et Gumild opèrent une retraite jusqu'à Nîmes où ils se retranchent au sein des arènes. L'aventure prend fin dès l'automne 673.


Mais cette période de troubles pour nos éventuels ancêtres au Bousquet marque le début du déclin du royaume wisigothique.
L'autorité royale est de plus en plus contestée.

La violente transition Wisigothico-Franque
Les troupes arabo-berbères débarquent en Bétique en 711. En 718, le royaume wisigothique n'est plus.
Il ne subsiste que dans les montagnes des Asturies sous forme de principautés assiégées et en Septimanie. Ardo est son roi et Narbonne sa capitale.
Dès 720, Narbonne est prise et en 725, Nîmes tombe à son tour. La Septimanie devient un wâli d'Al-Andalus.
Cependant, les populations, avec nos ancêtres potentiels, conservent leurs usages, leur langue, leur religion, sous le statut de dhimmi.
En 735, les armées omeyyades atteignent le delta Rhodanien. Les villes franques d'Arles et d'Avignon sont prises. Il ne semble pas que les conquérants berbères et arabes aient fait souche dans la région du Bousquet : Il n'y a pas de témoignage d'une implantation organisée, ni de vestige archéologique de la culture musulmane de l'époque.
En 737, Charles Martel (après sa célèbre victoire à vers Poitiers) échoue dans son siège de Narbonne malgré sa victoire à la bataille de la Berre.
Il lève le siège et ravage le wâli, pillant notamment Béziers, Maguelone et Nîmes, puis se porte au-devant du duc de Provence Mauronte dont la loyauté envers la Francie vacille dangereusement. Avignon est reprise.

En 739, une action coordonnée du roi lombard Liuprand (712-744), du patrice de Provence Abbo et des francs de Childebrand met un terme aux velléités d'indépendance de Mauronte pour la Provence. Arles et Avignon, tombées aux mains Yusuf al-Fihri, avec la complicité de Mauronte sont conquises et l'invasion musulmane repoussée jusqu'à Narbonne.
Le Bousquet d'Orb entre en zone franque après avoir encore été probablement très durement éprouvé.




[Chapitre III]

 





















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