[Chapitre II]

Marquisat de Gothie
Entre la campagne de 739 qui ramène l'envahisseur omeyyade sur Narbonne et la prise de cette ville en 759 par Pépin le Bref (Roi des Francs 751-768), la situation reste précaire. Les anciens maitres wisigoths sont peu à peu remplacés par les Francs. En effet, Charles Martel a institué le principe des fiefs qui accorde le bénéfice d'une terre à un vaillant combattant contre son allégeance et la promesse de fournir des hommes équipés et entrainés pour la guerre à la demande du suzerain. Charles, puis Pépin développent ce système pour récompenser et s'attacher leurs valeureux antrustions, en utilisant ces terres nouvellement conquises (mais aussi des terres d'église sécularisées).
La Septimanie est directement attachée au royaume de France.
En 778, suite à sa campagne outre Pyrénées et à la défaite de Roncevaux Charlemagne (roi des Francs 768-814) réorganise la partie sud-ouest de son empire pour stabiliser et sécuriser la frontière pyrénéenne et les marches d'Espagne.
L'ancienne Septimanie, devenue marquisat de Gothie, est placée sous la tutelle de Corson, nouveau Comte de Toulouse et d'Aquitaine (778-790).
En 781, Charlemagne réscucite le royaume d'aquitaine. Le marquisat de Gothie y est inclus. Son roi est Louis (3 ans futur Louis le Pieux, roi des Francs 814-840).
En 787, Corson faillit dans sa lutte contre les basques. Charlemagne nomme à sa place Guillaume dont les exploits et les choix de vie inspireront les chants et les légendes.
En 817, Louis, devenu empereur, sépare le marquisat de Gothie du royaume d'Aquitaine pour en faire un duché avec Narbonne pour capitale et Béra (un wisigoth comte de Barcelone depuis 801) pour duc. Mais dès 820, le marquisat entre chez les guilhelmides. Le nouveau marquis est Bernard Ier, fils de feu le comte de Toulouse Guillaume.
En 839, les guilhelmides choisissent l'alliance avec Pépin II d'Aquitaine, contre Charles II le Chauve. C'est pourquoi l'ensemble du marquisat passe dans les mains des comtes raimondins de Toulouse en 918.

Cette période reste très obscure. Le sort du Bousquet en particulier, zone rurale tampon loin grands marchés et des routes commerciales, aux ressources minérales inexploitées, est maintenant plongé dans les brumes de l'oubli. La paix s'installe cependant peu à peu et la langue d'oc s'impose comme langue vernaculaire dans la région.



Abbayes
C'est au cours de cette période, ou peut-être un peu plus tard, que le territoire de l’actuelle commune se retrouve aux confins des influences de deux abbayes : Joncels, qui domine la vallée du Graveson et la haute vallée d’Orb, et Villemagne dans la vallée de la Mare et le cours moyen de l’Orb. Mais il est aussi partagé entre les seigneurs de Boussagues et ceux de Lunas. Tout au long du moyen-âge, les deux établissements religieux seront en concurrence entre eux et avec les barons locaux pour la propriété foncière, les droits d’usage et d’usufruit, les droits de justice et fiscaux.
Saint Fulcran lui-même redonne l’avantage aux abbayes au début du XIe siècle, les rétablissant dans les droits et domaines spoliés de vive force par les seigneurs féodaux.


Mais, au fil des siècles, le système des commendes permettra peu à peu à la noblesse de prendre le pas sur les hommes de foi.

Ainsi, un conflit réglé à Toulouse en 1481 nous apprend que l'Abbé de Villemagne, Antoine de Thézan (de la maison des seigneurs de Boussagues) a envoyé ses moines et quelques reitres saccager les terres de Joncels et molester ses habitants. Les deux abbés (de Villemagne et de Joncels) seront condamnés.




Moines et pélerins

La paroisse de Saint Martin est citée dans une bulle de 1153 (sous le pape Eugène III).
Les habitants du territoire de l'actuelle commune du Bousquet sont certainement concentrés sur le site entre la Seguinerie et Saint martin d'Orb. C'est là que seront construits l'église paroissiale de Saint Martin de Clemensan, et, un peu plus loin, la maison forte de Cazilhac. On doit sans doute ces deux bâtiments à l'activité des moines de l'abbaye de Joncels, vers le XIIe siècle. Ils mettent en valeur et développent la vallée du Gravezon et de l'Orb au moins jusqu'à Boussagues en particulier par la viticulture.
Signalons aussi les vestiges supposés d'une chapelle antérieure au XIIe siècle qui participent de la partie voutée de l'actuel presbytère, sur le site du Bousquet de Grajan, précurseur du village du Bousquet d'Orb.
Il y a peut etre de nos ancetres parmi les paysans du secteur, mais qui peut le dire ?

Saint Martin est situé sur la via Tolosana, le chemin ralliant tous les pèlerins de Compostelle venant d'Italie ou de Provence. Depuis Lunas, la via traverse l'Orb par le pont de pierre, passe par l'église de saint Martin, monte vers la Seguinerie, puis escalade la pente du Meguillou jusqu'au col des Clares où elle quitte définitivement la commune pour rejoindre Saint-Gervais-sur-Mare (en fait, un peu comme le chemin de GR immatriculé 653 en 2014).
Cette situation sur la
via tolosana a sans doute contribué à l'économie du village entre le XIe et le XIIIe siècle.






En 1209, le Bousquet est dans le vicomté de Béziers, dans le comté de Toulouse sous l'autorité du royaume de France.
Le Vicomte est Raimond-Roger Trencavel. Mais celui-ci est aussi (et entr'autre) vicomte de Carcassonne et donc vassal du comte de Barcelonne, roi d'Aragon. Il regne sur un vaste ensemble cohérent partagé entre Aragon et France. Cette situation a sans doute pesée dans l'isolement puis la défaite des Trencavel lors de la croisade des Albigeois qui voit la mise à sac de Béziers en juillet.

Dès 1226, le vicomté de Béziers est intégré au domaine royale de France.




 

 

Anglais

Le XIV siècle est marqué par la guerre de 100 ans. Salomon de Faugères, seigneur de Lunas et Pons VI de Thézan, seigneur du Poujol et Boussagues prennent les armes et enrolent les hommes de la région pour repousser l’envahisseur anglais.
L’armée du Prince Noir d’Angleterre occupe en effet la plus grande partie de la Guyenne en générale et du Rouergue en particulier. De là, la guérilla est entretenue par des bandes de mercenaires qui poussent des raids de pillage et de mises à sac par la route de l’Espinouse et de Douch et remontent l'Orb et son affluent, la Mare, sans épargner Bédarieux ni Boussagues.
Outre les villes, les pillards ciblent les installations minières disséminées dans le pays, à la recherche de métaux précieux. Cet état de guerre continue ruine l'économie locale et décime les populations.

A la fin du conflit, l'une de ces bandes, désoeuvrée, s'installe durablement dans un repaire inaccessible situé au milieu des rochers, près du Bousquet de la Balme. Le site garde aujourd'hui le nom de tour des anglais. Les relations direct du Bousquet avec Bédarieux seront coupées de fait pendant plusieurs décennies.

En 1370, Le chateau de Cazilhac est occupé et pillé.

En 1379, menée par Chappardel, la "bande des Anglais" - bande de brigands qui n'a plus d'anglais que le nom - prend Joncels de vive force et pille ses richesses.

 

 

 

 

Pestes

La peste frappe le Bousquet de loin en loin. Chaque épisode laisse d'effroyable perte. L'histoire garde souvenirs des épisodes de 1348 (la peste noire), 1465, 1562, 1612.
Nous ignorons si nos ancêtres étaient déjà établis au Bousquet, mais ils étaient sans doute dans la région.
Il y eut ensuite les épisodes de 1649, puis 1722 (durant cet épisode, le Bousquet était en zone saine, Lunas en zone interdite et l'Orb infranchissable).





 

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